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samedi 28 février 2015

D'énigmatiques Contes Initiatiques



TETRAMERON

DE

Carlos José Somoza

Tétraméron est un roman à la fois atypique et déconcertant constitué de contes. Originellement le conte a pour fonction d’accompagner l’enfant durant son enfance en le mettant en garde contre les dangers qui peuvent peser sur lui. Le titre fait écho avec les contes médiévaux Décameron de Boccace.

Ici les contes dont les intrigues diffèrent sont pourtant liés entre eux. Ce premier lien est le personnage central, Soledad. Ce nom qui évoque la solitude est porté par une enfant de douze ans qui souffre de cette solitude et qui semble souffrir de son invisibilité aux yeux de tout son entourage. Lors d’une sortie scolaire dans un ermitage dans les environs de Madrid, Soledad décide de ne pas suivre le groupe et s’engouffre dans un escalier qui semble descendre dans les entrailles de ce lieu. Elle arrive à une porte, l’ouvre innocemment et se retrouve dans une pièce très étroite face à quatre personnes assises autour d’une table noire sur laquelle sont gravées deux salamandres qui semblent se courir après pour se mordre la queue. Soledad avance, la porte se referme et elle n’en ressortira plus. Elle se retrouve donc face à cette société secrète composée de quatre personnes.

Ainsi Somoza nous plante le décor et les sensations de malaise et peur s’installent peu à peu. Ces quatre personnes, deux hommes et deux femmes vont raconter leurs contes aussi effroyables, dérangeants qu’énigmatiques. Soledad sera en même temps à la merci de leurs désirs et devra répondre à leurs questions concernant le sens de ces contes.
Ces histoires ne sont pas anodines et sont remplis de symbolisme qui nous déroute. Certains contes semblent faire écho avec les romans précédents de Somoza. Par ailleurs les contes semblent s’imbriquer les uns dans les autres de manière métaphorique. Les terreurs, fantasmes, désirs, frustrations de chacun, la lutte entre le bien et le mal y sont contenus. Les rituels initiatiques, cannibalisme, sacrifices, orgies y sont évoqués dans des paysages oniriques et des situations qui nous rappellent La Dame N°13 et Clara et la Pénombre. Ces contes sont comme des tiroirs ou plutôt des boîtes gigognes que l’on ouvre l’une après l’autre. 

D’ailleurs, Somoza utilise cette métaphore de la boîte entre certains contes que le lecteur ouvre pour y découvrir son contenu symbolique. C’est comme un fil d’Ariane qui semble cependant complexe à suivre, mais que nous suivons jusqu’au dénouement. Chaque conte, chaque boîte semble correspondre à une étape de la vie liée à l’enfance et en l’occurrence celle de Soledad et à l’étape qui va lui permettre de sortir de l’enfance pour entrer dans l’adolescence voire plus.
Une mise-en-abime multiple s’offre au lecteur avec des énigmes qui resteront sans solution. La Clé de l’Enigme n’est pas dans ce livre mais en nous, avec notre expérience intime de la vie. Ces contes offrent des pistes, des réflexions comme toute autre œuvre littéraire, philosophique ou religieuse. Nous sommes Soledad à notre manière, seul devant les mystères, les énigmes de la vie avec nos désirs, peurs et fantasmes. Les grands amateurs de Somoza seront déconcertés en lisant Tétraméron mais sa construction et ce qu’elle renferme les marqueront tout de même.

  Céline B.

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