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dimanche 27 octobre 2013

Une histoire qui ne vous quittera jamais...



Le Mur Invisible


De

Marlen Haushofer

Écrivaine autrichienne née en 1920, Marlen Haushofer passa son enfance dans une maison forestière avec ses parents dont le père est garde-forestier. Après sa scolarité dans un pensionnat, elle mena une vie littéraire en parallèle de son métier d’assistante au cabinet dentaire de son mari. Très concernée par la condition féminine, ses œuvres littéraires furent très remarquées et récompensées au moment de leur sortie, mais maintenant sont  malheureusement dans l’oubli.
Le Mur Invisible, paru en 1963 reçu beaucoup d’éloges. Je découvris ce roman grâce au film du même titre tourné par Julian Roman Pölsler et sorti en 2012. L’actrice qui interprète la narratrice du roman, Martina Gedeck déclara s’être isolée plusieurs mois dans une cabane dans la montagne pour pouvoir s’imprégner du personnage et de son univers. Et quel univers !
Ce film, avant la lecture du roman, m’avait tant embarquée, que l’histoire de cette femme ne me quitta pas et je me décidais d’acheter le livre édité chez Babel.
Je ne fus pas déçue par ces 300 pages qui racontent l’histoire de cette femme. C’est donc l’histoire d’une femme invitée à passer quelques jours dans le chalet de chasse du mari de sa cousine dans une vallée des montagnes autrichiennes. Ce chalet isolé dans la forêt fut aménagé par son propriétaire dans le but de survivre à un cataclysme, catastrophe quelconque. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque c’était la guerre froide et  ce roman pourrait traduire les angoisses de l’auteure et de ses pairs avec la croissance des industries produisant des armes susceptibles de détruire l’humanité.

Ainsi elle se retrouve dans ce pavillon de chasse et ses amis dans la soirée décident de redescendre au village à pied sur le chemin forestier creusé le long d’une falaise et longeant une gorge. Préférant rester seule, elle se repose dans cet havre de paix entouré de cet écrin de verdure surplombé de montagnes. La soirée passe, leur chien « Lynx » est revenu. Le lendemain au réveil, ses amis ne sont toujours pas revenus. Elle se décide avec Lynx de descendre à pied et se rend compte que le chien la met en garde envers un danger « invisible » jusqu’au moment où elle se cogne à ce mur, une surface transparente, lisse et froide qui lui barre le chemin  (p18):
 
« Interdite, j’allongeai la main et je sentis quelque de froid et de lisse : une résistance lisse et froide à un endroit où il ne pouvait y avoir rien d’autre que de l’air.[…] A ce moment j’entendis frapper bruyamment et je regardais autour de moi avant de comprendre que c’étaient mes propres battements de cœur qui retentissaient à mes oreilles. Mon cœur avait eu peur avant que je le sache. [ …] N’importe quoi d’un peu aberrant m’aurait paru plus facile à accepter que cette terrible chose invisible. Pourtant la gueule de Lynx continuait à saigner et la bosse de mon front commençait à me faire mal.»  
A partir de cette minute là, tout bascule dans sa vie de femme policée, civilisée. La survie s’impose au fur et à mesure que les heures s’écoulent, que les jours passent…
Les contraintes de cette ancienne vie disparaissent, et d’autres tâches incombent. Se retrouvant ainsi
cloîtrée dans la montagne avec pour seule compagnie, Lynx, puis une vielle chatte et aussi une vache qui fut épargnée par ce qui se  trouve au-delà de ce mur, elle doit s’armer de patience, de sagacité, de courage et de bien d’autres qualités pour exploiter ce que cette nature peut lui offrir, se présentant parfois comme une aubaine ou bien comme un piège.
Le récit à la première personne vous embarque immédiatement dans cette vallée et ne vous quittera jamais. Le livre se dévore et vous découvrez le quotidien de cette femme page après page au gré des saisons, des rites et cycles des animaux familiers qui l’entourent et dont elle doit s’occuper puisque leur vie dépend d’elle. Tout en découvrant ses journées remplies, vous découvrez toutes ses pensées existentielles, ou pas, qui surviennent lors de sa prise de note, de sa décision pour la narratrice à raconter son histoire (p9, première page du roman) :
« Je n’écris pas pour le seul plaisir d’écrire. M’obliger à écrire me semble le seul moyen de ne pas perdre la raison. Je n’ai personne qui puisse ici réfléchir à ma place ou prendre soin de moi. »

Ce roman se présente aussi comme une écriture-thérapie, revenant sur tous les événements de son quotidien évoqués en toute simplicité mais aussi pouvant être source de réflexion sur sa propre existence de femme et celle d’être humain.
Riche en sensations, nuances, descriptions des scènes quotidiennes de la fenaison, du temps passér en alpage, de la traite, de la création d’un champ de pommes de terre puis les scènes de chasse vont engendrer la découverte d’elle-même pour l’amener à une forme d’épanouissement hors de la société régie majoritairement par les hommes.
Cette histoire vous embarquera et ne vous quittera jamais…Si vous regardez d’abord le film vous voudrez lire le roman, et si le roman vient d’abord à vous, vous vous précipiterez aussi sur le film.

  Céline B.

Voici la BO du film:








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