LE MOINE
DE
MATTHEW
GREGORY LEWIS
Matthew Gregory Lewis (1775-1818), romancier et dramaturge
anglais publia ce roman gothique en 1796. C’est une succession de récits où se
mêlent épouvante, surnaturel, macabre et érotisme mais dont des passages furent
censurés et jamais réédités vu leur nature trop répréhensible à l’époque.
Cependant il inspira de nombreux auteurs tels que le Marquis
de Sade, Coleridge, André Breton…
Ici le roman de chez Babel présente une couverture très évocatrice avec un détail d'un tableau de Pascal Dagnan Bouveret, Marguerite au Sabbath 1885 qui donne le ton au roman.
Matthew Grégory Lewis composa cette œuvre subversive en dix
semaines dans le but de divertir sa mère. Le roman rencontra beaucoup de succès
mais aussi des critiques acerbes concernant la moralité de celle-ci. Les thèmes
développés tels que le viol, l’inceste, la barbarie, le crime et la magie noire évoquent bien ce nouveau genre qui se développait bien avec l'avènement des romanciers modernes de l'époque.
L’oeuvre s’inscrit bien dans la tradition des romans
gothiques, qui au XVIIIème siècle, impliquait un
personnage fragile (souvent féminin) dans une situation dangereuse. Elle
évoluait dans un univers hostile, mystérieux et menaçant dont elle ne pouvait
s’échapper. Elle était souvent prisonnière et ses bourreaux étaient souvent des
personnes qui devaient la protéger (parents, famille…)
Le décor est bien
planté avec la présence de l’église, caveaux, châteaux, forêts obscures, et
scènes nocturnes. Les personnages tels que le démon, la femme fatale
(Mathilde), le religieux (inquisition) et d’autres encore animent l’intrigue.
Les situations aussi respectent le genre avec les scènes de tortures,
d’érotisme macabre et celles de magie noire.
Le personnage central, Ambrosio, prêtre de trente ans, élevé
dans le monastère depuis sa plus tendre enfance va subitement être mis à
l’épreuve de la tentation et du vice dans toutes ses facettes. Lui qui est
adulé partout dans Madrid et qui est reconnu pour ne jamais avoir transgresser
aucune règle du monastère va sombrer dans le péché et vices les plus abjectes
qui soient et sera emporté par le démon.
Un autre personnage Agnès, forcée à prendre le voile se retrouve prisonnière dans un couvent malgré les plans stratégiques de son amant. Dans ce récit, la légende de la nonne sanglante est empruntée à la culture germanique, ce qui apporte une dimension pleine d'effroi dans l'histoire de ce couple.
La fluidité de l’écriture rend le roman agréable à lire.
L’effroi qui put émouvoir à l’époque sera différend à notre époque avec toute
cette nouvelle littérature noire et les thrillers qui entassent certains
rayonnages. Cependant dans cette lecture on peut comprendre ce qui pouvait
gêner la morale à l’époque voire même dans le milieu politique.
Certains pourront voir aussi une atmosphère misogyne dans la
manière dont sont dépeintes les femmes, que ce soit dans leur nature ou leur
évolution dans le récit.
Un roman que beaucoup ont lu mais à découvrir si ce n’est
pas fait.
Céline B.
Céline B.
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