Le Détroit du Loup
Olivier Truc
Dans le Dernier Lapon, Olivier
Truc met en scène un binôme de policiers, Klemet et Nina qui doivent mener une
enquête parmi les éleveurs de rennes mêlant chamanisme et culture Sami. Ici,
Olivier Truc nous entraine dans le monde des plongeurs qui travaillent sur les plateformes
pétrolières en Norvège. La culture Sami est toujours présente car un conflit se
dresse entre les éleveurs et les prospecteurs étrangers qui veulent agrandir
leurs zones de forage.
Le roman débute sur la
mort d’un éleveur qui tente de faire traverser son troupeau de rennes dans une
rivière : meurtre ou accident ? C’est ce que Klemet et Nina devront
trouver. A partir de cet événement, d’autres morts mystérieuses vont s’ensuivre
dont celle du maire près du rocher sacré menacé d’être arraché pour être posé
ailleurs afin de construire une route pour accéder à un futur site pétrolier.
Problèmes de territoires,
de traditions, de transactions immobilières et du réchauffement climatique s’entremêlent
dans ce polar et font émerger des personnages attachants comme Sormi un
plongeur doué, Anneli éleveuse de rennes et veuve qui rappellent un peu le
personnage d’Aslak dans Le Dernier Lapon. Peu à peu, nous découvrons le milieu
dur et impitoyable des plongeurs travaillant sur les sites de forage et surtout
l’évolution de de leur histoire et l’utilisation des caissons de décompression.
Ce fut une époque aussi où on expérimentait la décompression et des éleveurs
Sami, à qui on leur avait fait perdre leurs pâturages et donc leurs troupeaux
étaient devenus « plongeurs » sans savoir nager seulement pour faire
l’objet d’expérimentations scientifiques. C’est alors que les abus, accidents
ont traumatisé bien des familles, Sami ou non.
Ce polar bien ficelé fait
surgir des questionnements sur le réchauffement climatique et ses causes :
p 274 : « Il était connu dans le temps un éleveur qui vivait à l’ancienne.
Il ne lui avait jamais parlé. Mais il l’avait observé» de loin. Un gars qui
gardait encore ses rennes à ski. Un illuminé, encore comme Erik Steggo
finalement, un gars qui refusait le progrès, à son goût, et qui surtout vivait
dans une bulle, refusant de voir que le monde changeait. Garder ses rennes à
ski ou à cheval, à quoi ça menait tout ça, alors que le réchauffement
climatique, les compagnies minières et les multinationales pétrolières étaient
en train de tout réduire à néant. »
et aussi sur l’exploitation des
plongeurs,
p394 : « C’était comme sur ses plateformes, vous
comprenez, si tu l’ouvrais, hop, le premier hélico, back home, bye bye tout le
monde, adieu la belle vie, les Rolex et les bagnoles de sport, les nanas à
gogo. Alors on fermait sa gueule, on serrait les dents, pour pas se retrouver
sur les listes noires. Parce que si t’allais voir le toubib, ça revenait à
trahir la compagnie, vous pigez ? La plongée profonde était centrale pour
le développement du plateau continental. Sans plongeur, pas de pétrole, c’est
aussi simple que ça. »
Ce polar nous fait
découvrir une autre histoire du devenir de la culture Sami et à quel prix nous
avons accès au pétrole et les enjeux à terme.
Encore une belle histoire
même si j’ai préféré le Dernier Lapon.
Céline B.
Céline B.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire