WHITE TRASH
JOHN KING
John King, romancier anglais, a écrit
un certain nombre de romans aux thématiques sociétales fortes .
Ici son roman s'appuie sur le système de santé anglais. Il dresse
en parallèle deux portraits. Celui de Ruby, jeune infirmière et
celui de Jonathan Jeffrey, médecin et responsable des dépenses de
l'hôpital où ils exercent.
L'ouverture du roman est brutal. Nous
plongeons directement dans le quotidien brûlant de Ruby, entre sa
vie personnelle et son activité professionnelle. Cette intrusion
brutale se fait par l'utilisation d'un monologue qui n'est pas sans
rappeler le « courant de conscience » (« stream of
consciousness »). Nous sommes dans sa tête et vivons sa
réalité, ses ressentis. Puis le style change, car nous nous
retrouvons dans la tête de Jonathan Jeffrey. Oui, changement de
style, car changement de position sociale. La réalité sociale de
cet homme est tout autre. Au fur et à mesure que les pages défilent,
la cohabitation de ces deux protagonistes se resserre.
Grâce à Ruby, nous nous immergeons
dans le Londres populaire, la classe ouvrière, l' »Underworld »
quasi Dickensien » pour ensuite sauter dans l' « Upperworld »
dans lequel Jeffrey évolue. Mais de fil en aiguille, Jeffrey dévoile
son côté obscur qui va par ailleurs aveugler les bons sentiments de
Ruby.
Pleine d'empathie et de bienveillance, Ruby se bat dans une
société « malade » mais ponctuée d'interstices de
lumière et d'espoir qu'elle devra saisir pour survivre. Son langage
est simple, dans l'immédiateté alors que celui de son supérieur
est plus sophistiqué et emprunt d'une certaine réflexion sur le
monde. Par ailleurs il révèle une moralité qui lui est propre et
qui nous révulsera à la fin du roman.
C'est un beau roman coup de poing, une
belle chronique sociale au style à la fois décapant et
étonnant.Céline B.
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