LE CINQUIEME HIVER DU MAGNETISEUR
PAR
PER OLOV ENQUIST
Per Olov Enquist, un des monstres sacrés des lettres
scandinaves a signé un de ses premiers romans en 1964. Cet écrivain, à
l’enfance austère, élevé par une mère luthérienne et un père succombant trop
tôt à la maladie nous dépeint ici une Europe du XVIIIème où des interrogations
émergent suite aux publications érudites des « Lumières » et les
progrès de la science et en particulier celle de la médecine.
Dans ce roman fort bien construit, il faut être attentif à
chaque chapitre qui met en place une grande supercherie menée par un
magnétiseur. Ce personnage s’inspire de magnétiseurs ayant existé aussi au
siècle des Lumières, tel que «Franz-Anton Mesmer ».
Ici Meisner traverse des pays, s’installe dans des villes où
personne ne le connaît pour s’adonner à son art : manipuler, séduire pour
guérir des personnes bien crédules. Ses intentions réelles se révèlent chapitre
après chapitre. Son pouvoir est tel que n’importe quel individu ayant besoin
d’un soin, d’une réponse, amélioration de sa condition, succombe à son charme.
Cependant même si certaines personnes semblent bien naïves, d’autres en revanche
appartiennent à la classe des lettrés, des sceptiques. Il y rencontre donc une
médecin Selinger qu’il prendra comme « contrôleur médicale », après avoir
rendue la vue à sa fille pour exercer son art
dans la ville de Seefond. Ainsi Selinger nous délivre tout ce qu’il voit
et entend ainsi que ses interrogations sur les réels pouvoirs de ce magnétiseur
dans son journal.
Ce roman met en scène une vaste supercherie et suscite bien
des interrogations sur la médecine occidentale et ces médecines parallèles et
leurs limites. Ses réelles guérisons ou bien tours de passe-passes font penser
à la vie même de Franz-Anton Mesmer dont les procédés décrits étaient
semblables : utilisation d’un baquet, de la musique et de la baguette ou main du
magnétiseur qui hypnotise son patient afin de le guérir.
Ainsi cette histoire
entre vérité et illusions nous fait découvrir une société dont les valeurs ne
sont pas forcément ancrées dans un monde rationaliste mais peuvent effleurer
l’irrationnel et la recherche d’une autre vérité sur soi , des causes de nos maladies au cours du Siècle des
Lumières.
Céline B.
Céline B.
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