SUR LA TRACE DE NIVES
ERRI DE LUCA
Récit à deux voix, celle d'Erri de
Luca et celle de Nives Meroi, tous les deux alpinistes, ils nous
livrent leurs impressions intimes sur l'alpinisme, leurs ascensions
épiques ainsi que leur réflexion sur
notre société. Un homme, une
femme, l'un écrivain et l'autre himalayiste, mais tous les deux
alpinistes. Ainsi à travers ses conversations échangées sous une
tente en pleine expédition, nous découvrons à bout de souffle,
leurs anecdotes, leur univers, leur manière d'écrire leur histoire
en se frayant une voie sur une pente raide afin d'atteindre la cime.
Sous la plume d'Erri de Luca, son
engagement politique, sa vie de poète écrivain et ses ascensions se
succèdent au gré de mots clés tel des broches ou pitons qui
ponctuent la voie à suivre, le destin. Un piolet, une plume, un
marteau, un sentier, une amorce syntaxique, des briques, une neige
fraîche, une page blanche, un mur tout se mêle pour construire,
raconter une histoire, accomplir un exploit qu'il est difficile
souvent de partager.
Raconter ces exploits, ces ascensions
difficiles, c'est aussi pour Erri de Luca faire un parallèle avec
notre civilisation, notre société, notre système économique et
politique. Ces deux univers ne sont pas symétriques car leurs codes
diffèrent :
p136 « En bas dans les villes, les mots sont
de l'air vicié, ils sortent de la bouche à tord ou à travers, ils
ne portent pas à conséquence. En bas ils sont gaspillés dans le
brouhaha de la politique, de la publicité, de l'économie qui disent
des mots sans devoir les faire, sans poids. Ici en haut nous les
gardons dans la bouche, ils coûtent énergie et chaleur, nous
utilisons les mots nécessaires, et ce que nous disons, nous les
faisons ensuite. Ici, les mots vont de pair avec les faits, ils font
couple. »
Très beau récit empli de poésie,
d'images, de métaphores à bout de souffle, un souffle dit-il qui
nous appartient pas car il faudra le rendre.
C.Bertin
C.Bertin
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire